Sunday, June 24, 2007

Vive le Québec libéré du… Général ?!

Soulignons, à l’occasion de la fête nationale du Québec, que l’esprit cosmopolite ne condamne pas l'élan patriotique; il le fait en revanche plus critique. Les interventions contrastées du Général Charles de Gaulle en Algérie (1958) et au Québec (1967) donnent ici matière à réflexion.


En Algérie, en 1958, neuf millions d’Algériens d’origines autres que française étaient placés sous la tutelle d’un million de Français et d’Algériens de descendance française. Alors que se consolidaient les courants indépendantistes au sein de la colonie (où tous les groupes n’avaient pas les mêmes droits), c’est à l’intervention du Général de Gaulle que les forces colonialistes ont fait appel avec l’objectif premier de mâter la révolte émergente. A l’amorce de la réaction française, le Général soutint entre autres ceci :

Le 4 juin, au Forum d’Alger :

« Bien ! De tout cela je prends acte, au nom de la France ! Et je déclare qu’à partir d’aujourd’hui la France considère que dans toute l’Algérie il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants. Il n’y a que des Français à part entière. Des Français à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs… »

Le 6 juin, à Oran :

« L'Algérie est une terre française, organiquement, aujourd'hui et pour toujours »

et à Mostaganem :

« Il est parti de cette terre magnifique d'Algérie un mouvement exemplaire de rénovation et de fraternité. Il s'est levé de cette terre éprouvée et meurtrie un souffle admirable qui, par-dessus la mer, est venu passer sur la France entière pour lui rappeler quelle était sa vocation... C'est d'abord à cause de vous qu'elle m'a mandaté... Mais, à ce que vous avez fait pour elle, elle doit répondre en faisant ici ce qui est son devoir, c'est-à-dire considérer qu'elle n'a, d'un bout à l'autre de l'Algérie, dans toutes les catégories, dans toutes les communautés qui peuplent cette terre, qu'une seule espèce d'enfants. Il n'y a plus ici, je le proclame en son nom et je vous en donne ma parole, que des Français à part entière, des compatriotes, des frères qui marcheront désormais dans la vie en se tenant par la main ! (…) Mostaganem, merci. Merci du fond du cœur, le cœur d'un homme qui sait qu'il porte une des plus lourdes responsabilités de l'histoire... Vive Mostaganem ! Vive l'Algérie française! Vive la République! Vive la France! »

L’Algérie libérée du Général devra attendre. Car ce dernier finalement revint sur ses positions. Il s’agissait sans doute d’une expression adroite de nationalisme français. Ce dernier se manifestait, en apparence à tout le moins, à l’encontre de l’autonomie de la colonie d’Afrique. Les Québécois auraient-ils semblablement eu à combattre ce premier réflexe gaulliste, eussent-ils rejoint l'ancien empire ? Ce type de question – à toutes fins pratiques inutile n'intéresse seulement que les historiens, mais il jette en oblique un peu de lumière sur le double discours de celui qui, péremptoirement, prétendait définir l’emprisonnement des Québécois en 1967. Joyeuses célébrations!